Formation AVS, troisième journée

Publié le par marie

Rappel :
Formation AVS, première journée
Formation AVS, deuxième journée

La matinée de jeudi dernier était consacrée aux aspects médical et psychologique du handicap.

Nous avons eu, pour commencer, l'intervention d'un médecin scolaire qui a dressé une typologie des handicaps :
-handicap physique
Les myopathies sont un déficit musculaire qui entraine des troubles de l'équilibre. On compense par une aide matérielle (béquilles, puis fauteil).
Les paralysies sont de différentes sortes : paraplégies, hémiplégie. Elles sont souvent dues à un accident (de la route).
Pour ce type de handicap, les relations aux autres ne sont pas une difficulté normalement.
-handicap sensoriel
Lorsque le handicap est "total" (sourds, aveugles), les élève sont souvent scolarisés dans des établissements spécialisés.
Par contre, dans le "milieu scolaire normal", on peut trouver des élèves malvoyants (ex. rétrécissement du champ visuel) ou malentendants (ex. sensibles à certaines fréquences).
Le médecin a donné quelques conseils pour les AVS qui auraient un élève souffrant de ce type de handicap : faire attention à la position de la feuille sur la table, faire des agrandissements des photocopies, faire attention à la place de l'élève dans la classe, à la place de l'AVS par rapport à l'élève aussi)
-les "dys"
La dysphasie est un trouble du langage oral. Il est conseillé de passer par le visuel pour les consignes notamment (utilisation de pictogrammes).
La dyslexie est un trouble du langage écrit. On conseille d'alléger la charge écrite en ayant recours aux photocopies, l'AVS doit relire les consignes (relire, pas expliquer... l'élève est d'intelligence "normale", il comprend normalement les consignes si on les lui lit)
La dyspraxie est un trouble de la coordination des gestes fins. Ces troubles vont bien sur se retrouver dans les activités de graphisme (mais aussi pour lacer ces chaussures, pour couper sa viande). Les élèves peuvent aussi souffrir de difficulté dans l'organisation spatiale (rangement des affaires par exemple). Ici une aide intéressante peut etre de proposer des codes de couleurs pour les matières par exemple (pour les élèves les plus agés).
On aura une intervention plus longue sur ces troubles "dys" > dysphasie, dyspraxie, dyslexie, dyscalculie, dysorthographie...
-troubles du comportement
On a d'abord les troubles de l'attention, avec ou sans hyperactivité. Il y a un traitement médicamenteux contre l'hyperactivité, mais pour le médecin qui est intervenu, il doit forcément y avoir un traitement psychologique complémentaire. Il faut savoir que l'hyperactivité est très fatigante, pour celui qui en souffre bien évidemment, mais pour son entourage également. Avec ces troubles de l'attention, les élèves ne peuvent pas se fixer longtemps sur une tâche.
Dans les troubles du comportement, on a aussi les troubles de la personnalité dont l'autisme qui est un trouble de la communication et des relations sociales. Les autistes sont de plus en plus intégrés dans les écoles. Il faut savoir que les autistes souffrent de profondes angoisses, qui peuvent se traduire par de vraies crises. Pour se rassurer, ils ont souvent des gestes répétitifs. Pour les aider, il faut recourir au canal visuel là encore. Les méthodes avec des pictogrammes ont montré leur efficacité dans de nombreux cas.
-handicap intellectuel
Le médecin a surtout parlé de la trisomie 21. Les trisomiques peuvent souffrir de problèmes cardiaques. Ils peuvent avoir un très fort caractère et ont besoin d'un cadre, de repères.
Il faut faire attention toutefois à ne pas mettre tous les trisomiques 21 dans la même case : chaque élève a un rythme particulier (qui ne sera peut etre pas celui de l'école).

Par la suite, la conseillère pédagogique nous a exposé les aspects psychologiques du handicap.
Elle a introduit son propos par un texte très beau et très touchant que j'ai retrouvé sur le net

Bienvenue en Hollande
(Emily Perl Kingsley, 1987)

On me demande souvent de décrire ce que représente l’éducation d’un enfant avec une incapacité, de manière à ce que les gens qui n’ont pas vécu cette expérience puissent la comprendre et imaginer ce qu’elle représente. Ça ressemble un peu à ce qui suit :
Attendre un enfant, c’est comme planifier un fabuleux voyage… En Italie. Vous achetez un grand nombre de guides de voyage et vous faites de merveilleux plans : le Colisée, le David de Michel-Ange, les gondoles à Venise. Vous apprenez quelques phrases utiles en italien. Tout cela est très excitant !
Enfin, après des mois de préparation fébrile, le grand jour arrive. Vous faites vos bagages et vous partez. Plusieurs heures plus tard, l’avion atterrit et le commandant de bord annonce : « Bienvenue en Hollande »
« En Hollande ? », dites-vous. « Que voulez-vous dire par Hollande ? J’ai pris un billet pour l’Italie. Je suis censé être en Italie. Toute ma vie, j’ai rêvé d’aller en Italie ». « Mais il y a eu un changement dans le plan de vol. Vous avez atterri en Hollande et c’est là que vous devez rester. Ils ne vous ont cependant pas emmené dans un endroit horrible, dégoûtant, sale, où il y a la peste, la famine et des maladies. Ce n’est qu’un endroit différent. »
« Vous devez donc sortir de l’avion et vous procurer de nouveaux guides de voyage. Vous devez apprendre une nouvelle langue. Vous ferez la connaissance de tout un groupe de nouvelles personnes, que vous n’auriez jamais rencontrés autrement. »
« C’est seulement un endroit différent. C’est un rythme plus lent qu’en Italie, moins exubérant aussi. » Quelques temps après être arrivé et avoir repris votre souffle, vous regardez autour et vous commencez à remarquer que la Hollande possède des moulins à vent, que la Hollande a des tulipes…Que la Hollande a même des Rembrandt !
Mais tous ceux que vous connaissez vont en Italie ou en reviennent et ils ne cessent de répéter qu’ils ont fait un merveilleux voyage. Pendant toute votre vie, vous vous direz : « Oui, c’est là que je devais aller ; c’est ce que j’avais planifié. »
Cette douleur ne s’en ira jamais, jamais…parce que la perte de ce rêve est une perte très significative. Mais si vous passez votre vie à déplorer de ne pas avoir atterri en Italie, vous pourriez ne jamais être en mesure d’apprécier les choses très spéciales et très jolies…de la Hollande.


Par la suite, elle nous a parlé du travail de deuil, le deuil de "l'enfant idéal", le deuil impossible car sans fin, il n'y a pas de reconstruction possible pour la plupart des cas (la reconstruction étant une des phases du deuil, après la sidération, le déni, la dépression et l'acceptation).
L'arrivée d'un enfant handicapé bouleverse la famille. Les statistiques montrent qu'il y a trois fois plus de divorces dans ses familles. Sans aller jusque là, il y a de toute façon des répercussions sur le système-famille :
-surinvestissement de la mère (en règle général, c'est la mère qui arrête de travailler, et à l'inverse le père va surinvestir dans le travail, pour compenser),
-répercussions sur les frères et soeurs : les petits peuvent s'interdir la réussite, les grands peuvent se sentir responsables, coupables. Tous sont souvent précoces, plus matures.

La souffrance de la famille peut se traduire par un comportement "remarquable" de défense/réaction :
-parents dans le déni qui refusent le handicap. La confrontation est inutile, il faut compter sur le temps, la patience. Parfois cependant l'EN est obligée de recourir aux grand moyens (tribunal).
-parents qui projettent leur haine, qui ont un sentiment de persécution (c'est leur façon de se protéger, en projettant leur colère sur d'autres). Ce sont souvent des parents procéduriers qui essayent de trouver une faille dans le système. Là aussi ici, il est inutile d'aller à la confrontation.
-parents qui sont dans le clivage "bons vs méchants". Parfois l'école fait partie du clan des méchants par rapport aux équipes de soins qui sont dans les bons. On voit ici qu'il est très important de travailler en "système", en "équipe" avec l'ensemble des intervenants.
-parents qui surinvestissent, comme pour compenser un sentiment de culpabilité. ça se traduit souvent par une multiplication des prises en charge pour l'enfant.
Par rapport à ces "types de parents" (attention à ne pas vouloir faire rentrer tous les parents d'enfants handicapés dans ce cadre quand même ! ), l'AVS peut être un écran de projection. L'AVS doit donc savoir se positionner. Il peut accueillir des demandes, mais accueillir ne veut pas dire tout accepter. L'échange avec les parents, ça peut être : donner, demander, recevoir ou refuser.

La conseillère pédagogique est ensuite revenue sur le handicap intellectuel et sur les troubles de la personnalité.
-La déficience intellectuelle est une limitation significative, persistante et durable des capacités intellectuelles d'un sujet, par rapports à des sujets normaux de son âge.
Il faut bien faire attention aux indicateurs commes les tests psychométriques, les tests de QI. Ils indiquent une situation à un moment donné. Il ne faut pas figer une situation.
-La construction d'une personnalité a besoin de bases solides. Si un bébé manque de sécurité, celà peut lui provoquer des angoisses et dans certains cas cela peut aller jusqu'à la psychose, qui n'est qu'un mécanisme de défense finalement.Le psychotique n'a pas conscience de ses troubles (à l'inverse du névrosé... et il parait que nous sommes tous névrosés !)

L'après-midi a été consacrée en partie aux réponses pédagogiques que peuvent apporter les AVS à leurs élèves handicapés.

Avant celà, nous avons eu l'intervention de deux psychologues scolaires qui vont animer des groupes d'analyse de pratiques. 4 matinées seront consacrées à ces analyses : le 9 décembre, le 13 janvier, le 10 février et le 10 mars, sur quatre grans principes : le volontariat, la confidentialité, le non jugement et la non agressivité.
Certains AVS ont regretté que ces interventions n'aient lieu que les mercredi matin mais il n'est apparemment pas possible de faire autrement.

La conseillère pédagogique qui organise la formation nous a enfin donné une grille d'observation à remplir pour le 15 décembre.

Enfin, nous avons donc eu l'intervention d'une autre conseillère pédagogique
pour nous donner des pistes de travail selon les handicaps dont souffrent nos élèves, selon ce qui nous pose problème parfois au quotidien.
> le comportement
-troubles de la concentration : donner des repères spatiauxn proposer des temps d'activités autres pour "décompresser" > motricité, jeu calme...
-agressivité : on peut exclure momentanément du groupe, mais l'élève doit réparer son erreur à son retour (lettre d'excuses, dessin...). On peut aussi mettre en place un contrat de comportement : "il faut que tu deviennes capable de...."
-inhibition de l'élève : proposer des jeux de société à deux, l'AVS jouant avec l'élève dans un premier temps puis au fur et à mesure, on remplace l'AVS par un autre élève.
-élève qui sollicite toujours les autres, n'accepte pas la solitude : faire une liste de tache à accomplir seul, avec un critère de réussite, utiliser un timer pour mieux visualiser le temps.
-provocation : mise en place de fiche de suivi "cette semaine on travaille sur..." "tu dois etre capable de...". Le contrat doit etre mis en place avec l'élève, même pour les plus petits avec qui on peut évaluer avec des gommettes. On peut aussi mettre en place un système de "compétences/responsabilité" (à l'échelle de la classe).
-insultes, gros mots : boite à gros mots pour se défouler
>difficultés en maitrise de la langue et du langage
-difficulté de langage : utiliser les pictogrammes
-manque de vocabulaire : construire un imagier, un lexique
-prononciation : utiliser des méthodes gestuelles
-difficulté de déchiffrage : colorier les phonèmes de différentes couleurs
-compréhension : travailler sur des écrits qui ont un sens plus concret (ex. recettes)
-difficulté en graphisme : tracer des lignes, mettre les lignes en relief avec un trait de colle, demander un ordinateur
-problème de syntaxe : utiliser un cahier de regles
>mathématiques
-en numération : utliser des boites à oeufs, des picbilles, travailler avec des jeux de dés, des jeux de société
-situation problème : pour les élèves dyslexiques notamment, relire l'énoncé
-activités géométriques : différents jeux peuvent aider à travailler cet aspect : puzzles, tamgram, bataille navale...

Nous n'avons pas fini le programme prévu (pratiques pédagogiques) avant la fin de la journée.

Prochaine journée de formation : mardi 8 décembre.

Publié dans Mon travail comme AVS

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article